L'économie de Pointe-Noire

L'économie de Pointe-Noire, offre la particularité de faire cohabiter un secteur traditionnel encore vivace puisant ses racines dans les métiers liés au travail du bois et un secteur plus moderne axé sur le commerce et les activités touristiques.

Le secteur traditionnel

[Le berceau du travail du bois]

Pointe-Noire se différencie des autres communes de la Guadeloupe par la vocation du travail du bois qui la caractérise. Les meilleurs ébénistes, charpentiers, menuisiers s'y trouvent.
Il y a encore trente ans, 25 % de la population active de Pointe-Noire se consacrait au sciage du bois. Pointe-Noire était alors considérée comme la capitale des scieurs de long demandés partout en Guadeloupe. Plusieurs générations vécurent de l'abattage d'arbres et de leur débitage en planches. Les fûts ainsi découpés servaient en ébénisterie, à la construction et à la fabrication de charbon de bois.
Aujourd'hui, l'exploitation et le travail du bois sont en perte de vitesse. Les artisans ont le plus souvent recours au bois importé du Brésil notamment. De nombreux revendeurs de bois importés sont localisés dans la zone industrielle de Jarry Baie-Mahaut.
Les entreprises de charbon de bois encore florisantes dans les années 60 ont pratiquement disparues avec l'apparition des cuisinières à gaz et de leurs bouteilles de butane transportées par camion.
Actuellement le marché du bois Pointe-Noirien est l'apanage de certaines familles. Citons entre autres, les familles Mamie, ébénistes-menuisiers de père en fils ; Balonard, Bélair, Pindy...
La section des Plaines accueillant la maison du bois demeure le centre névralgique du bois à Pointe-Noire.
Les concours et expositions d'ébénisterie organisés en particulier par la chambre des métiers de la Guadeloupe et par son actif président Maurice Songeons, consacrent le plus souvent les artisans Pointe-Noiriens.

[La pêche traditionnelle]

La pêche demeure une activité essentielle de l'économie Pointe-Noirienne.
L'anse Guyonneau est le bastion privilégié des marins pêcheurs pratiquant une pêche traditionnelle à partir de canots à rames ou à moteur. La pratique du halage de sennes reste vivace. Les prises pesées au kilo sont vendues dès l'arrivée des pêcheurs au port à une population guettant leur retour ou peuvent aussi être écoulées sur le marché communal.
Outils et produits de la pêche.

[Des métiers liés au bâtiment en plein essor]

Le tissu économique traditionnel comprend également de nombreux peintres, maçons, électriciens...

[Métiers du pain et marchands ambulants]

Pointe-Noire pousse le dualisme jusqu'aux métiers du pain.
En effet, y cohabitent deux boulangeries spécialisées chacune dans un mode particulier de fabrication du pain : la boulangerie " l'arbre à pain " appartenant à la famille Obertan située dans la section Marigot, propose du pain (pain canot, pain boule, pain natté, et banneton...) et des patisseries cuits à partir d'un four alimenté par du bois sec environ 30 kg de bois consommés par jour) acheté en 1960 au moule et la boulangerie De La Reberdière située dans la section Guyoneau est plus portée sur l'utilisation du four éléctrique. Les spécialités proposées par la boulangerie De la Reberdière sont présentées dans le site :
http://djp7899.free.fr/page9.html

A noter aussi la présence de certaines patisseries : Larisse dans le bourg pas bien loin de l'hotel de ville, Obertan Lator toujours dans l'omniprésente section de Marigot à proximité du dispensaire communal...Les marchands de patisseries en tout genre(pâtés de coco, pâtés à la viande, gâteaux au beurre, autres patisseries...) sillonnent souvent la commune.
Le dimanche à la sortie de la messe dominicale de 10h et durant les jours de la fête patronale les marchands de gâteaux, de jus de fruits, de pistaches bien "grillées" sont omniprésents.
A ce sujet je ne puis ne pas rendre homage ici à deux figures emblématiques aujourd'hui à la retraite de la vente ambulante Pointe-Noirienne: Misié(Monsieur) Eugène et Man(Madame) Robètine leurs pistaches, sorbets, gâteaux...ont durant de longues années contenté de nombreuses papilles gustatives.
C'est ainsi que madame Confiac avec son "bar roulant" propose ses broquites à la viande, ses jus et autres friandises à chaque manifestation ( matches de basket, fête communale, fêtes des sections, arrivées de courses cyclistes...).
Les sinobols de Tolé restent indéboulonnables au même titre que les sucres à coco hachés ou gragés d'Antoinette ou de Lucienne.

[Des cultures traditionnelles : sucre, manioc, roucou, vanille, café, cacao, coton ...]

Face à leur quasi disparition, beaucoup ignorent, même certains Pointe-Noiriens que les terres de la commune ont jadis hébergé de nombreuses cultures traditionnelles.
Le recensement de 1772 indiquait sur les terres arables de Pointe-Noire la présence de :
41 704 000 pieds de cacao, 2 163 765 pieds de café, 200 carrés en cannes (un carré correspond à moins d'un hectar), 86 000 pieds de coton, 1 548 050 fosses de manioc, 308 380 bananiers.
Pour cette même année 1772, Pointe-Noire comptait sur son sol
4 260 esclaves contre 1597 en 1839.
En 1876 la culture du cacao occupait 90 hectares des terres cultivables de Pointe-Noire contre 400 hectares à Deshaies et 143 hectares à Sainte-Rose.
Des données chiffrées de 1886 font état de quatre habitations de coton employant 9 travailleurs sur une surface d'un hectare. Pour la même année à titre de comparaison la commune voisine de Bouillante présentait 15 habitations consacrées au coton employant 76 travailleurs sur 31 hectares.
Toujours en 1886 Pointe-Noire ne comptait plus qu'une sucrerie(usine d'acomat) contre 29 à la commune de Sainte-Anne pour 36 hectares de cannes contre 3 030 hectares à Sainte-Anne entretenus par 35 travailleurs contre 3 898 travailleurs à Sainte-Anne.
Le roucou dont la graine réduite en pâte servait à la teinture, était en 1886 cultivé sur 655 hectares répartis sur 35 habitations ayant 1121 travailleurs. Pointe-Noire figurait parmi les principales communes de la Guadeloupe qui pratiquaient cette culture avec les communes de Bouillante, Saint-Claude, Vieux-Habitants et Trois-Rivières.
Actuellement certaines structures à Pointe-Noire se battent pour faire perdurer ce glorieux passé dans ces cultures traditionnelles.
On peut citer sans prétendre être exhaustif : la maison du cacao qui présente toutes les étapes de fabrication du cacao : culture et récolte du cacao et du café, écabossage, fermentation, séchage...La casa Vanille propose une explication des pratiques ancestrales de la culture de la vanille introduite en Guadeloupe par le docteur Hernandez lors du second voyage de Christophe Colomb en 1503. Enfin citons le travail de conservation de la mémoire effectué par la cafeière Beauséjour, plantation de café existant depuis la fin du XVIII e siècle. En 1996, 1200 plans de café ont été replantés.

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